Qui l’eût Cru pour les Côtes-de-Provence Sainte-Victoire

C’est validé. Les Côtes-de-Provence Sainte-Victoire deviennent le premier cru de Provence. Le Comité National des appellations d’origine relatives aux vins de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a voté à l’unanimité pour la reconnaissance en cru de la Dénomination Géographique Complémentaire (DGC) Sainte-Victoire de l’appellation Côtes-de-Provence en rouge et rosé. 

Cette décision historique consacre plus de trois décennies d’efforts et ouvre un nouveau chapitre pour ce terroir d’exception. L’obtention du statut de cru par Sainte-Victoire représente une première, le dispositif de passage d’une DGC à la mention de cru existant depuis 2022. « Initialement Sainte-Victoire était une appellation sous-régionale, devenue DGC, ce qui n’était pas un nom très sexy, a souligné Eric Pastorino, président des Côtes-de-Provence. « Le mot cru est en effet plus porteur, surtout pour les consommateurs car sans connaissances particulières, ils savent tout de suite qu’on leur parle de vin et plutôt en haut de la pyramide; le message est rapide et percutant » estime Olivier Sumeire, le président de l’association des vignerons de Sainte-Victoire. Au-delà de la reconnaissance, la réalité du terroir est indiscutable et cela récompense 33 ans de travail. Mais on l’a fait aussi pour vendre et valoriser même si, dans le commerce, il y a aussi un plafond de verre ». Actuellement, les prix des sainte-victoire s’échelonnent encore 10 à 20% de plus que les côtes-de-Provence régionaux.

Ne pas produire plus que la demande

L’histoire remonte à 1992, date de la création de l’Association des Vignerons de la Sainte-Victoire, qui regroupe aujourd’hui 35 producteurs, dont 4 caves coopératives, situés sur les communes de Châteauneuf-le-Rouge, Le Tholonet, Meyreuil, Peynier, Puyloubier, Rousset et Trets pour les Bouches-du-Rhône, Pourcieux et Pourrières dans le Var. La production moyenne oscille entre 27 000 et 30 000 hl selon les millésimes, à 95% en rosés, le reste en rouges. « Mais la part des rosés atteint plutôt les 97% pour les coopératives, reconnaît Jean-Jacques Balikian, directeur de l’Association. Sur les 270 ha de l’aire d’appellation, 600 à 700 sont revendiqués  en DGC. « Car il s’agit de ne pas produire plus que ce qu’on est capable de vendre pour ne pas brader les prix mais ça progresse d’année en année ». 

©F. Hermine

Prochaine étape en blanc

Sainte-Victoire, la plus ancienne dénomination géographique des Côtes-de-Provence, a été reconnue dès 2005 pour les couleurs rouge et rosé. Elle œuvre désormais pour décrocher le blanc avec environ 5000 hl produits chaque année. « Le dossier est lourd et long, même si il est en bonne voix avec des volumes en augmentation constante, insiste Olivier Sumeire. Et il ne fait aucun doute que l’on dispose aussi d’un terroir frais et tardif propice aux blancs ». 

Le vignoble de Sainte-Victoire, avec son climat continental, se révèle plus marqué par le mistral de la vallée du Rhône que par l’influence de la Méditerranée, pourtant proche mais cachée derrière le massif de la Sainte-Baume au Sud. C’est l’ensemble le plus vaste des côtes de provence qui compte au global 20 000 ha entre les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. Le millésime 2024 ne sera pas revendiqué en cru mais toujours en DGC car il faut attendre que la procédure nationale d’opposition (PNO) soit finalisée :  Les opposants éventuels ont deux mois pour se manifester. « Le passage en cru a été voté à l’unanimité; il est donc peu probable que des oppositions apparaissent, mais il faut ensuite attendre la signature finale des Ministères, rappelle Jean-Jacques Balikian. Il faut donc rester prudent car une simple formalité peut parfois prendre plus de temps que prévu. Mais nous espérons pouvoir afficher le cru sur nos bouteilles pour le millésime 2025 ».


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