Le château Beauséjour, premier grand cru classé de Saint-Émilion, vient d’inaugurer sa nouvelle cuverie : un « chai de poche » pour ce vignoble de 6,8 hectares, destiné à hisser encore plus haut la précision des vins nés sur ce magnifique terroir du plateau calcaire.
Le château Beauséjour, anciennement – et jusqu’à tout récemment – affublé de la mention « Héritiers Duffau-Lagarrosse », a beaucoup fait parler de lui ces dernières années, en premier lieu à cause du feuilleton à rebondissements qu’a constitué son changement de mains, en 2021 – et dont la résolution n’est pas encore tout à fait à l’abri d’un ultime soubresaut.
En mettant la main sur ce magnifique vignoble de 6,8 hectares juché sur l’un des plus beaux terroirs au monde, le plateau calcaire de Saint-Émilion, la famille Courtin, propriétaire du groupe Clarins, a mis un pied dans le monde du vin de la plus spectaculaire des manières. Emmenant, dans son sillage, en qualité de co-propriétaire et co-gérante, une jeune vigneronne dont le patronyme résonne fort en ces lieux : Joséphine Duffau-Lagarrosse. Un incroyable retour aux sources pour celle dont la famille a possédé ce premier grand cru classé pendant plus de 170 ans, et qui faisait partie des membres qui ne voulaient pas vendre.
Depuis 2021, Joséphine Duffau-Lagarrosse est « seule aux manettes » de Beauséjour, s’appliquant à tirer le meilleur de tout ce que ce lieu unique a à délivrer. 2023 constituait, à cet égard et à ce jour, son millésime le plus abouti. Qu’en sera-t-il de 2024 ? Comme chacun sait, cette année marquée par une météo des plus capricieuses a mis le moral des vignerons à rude épreuve. Une exigence de chaque instant était nécessaire, dès le début du cycle de la plante et jusqu’à la réception des raisins et leur vinification.
Pour ce qui est de la présence dans les vignes, on peut faire confiance à Joséphine, qui a ce terroir chevillé au corps. Et pour ce qui est de la transformation des raisins en vin, la jeune vigneronne peut compter sur un tout nouveau cuvier, fruit de trois ans de réflexion et sept mois de travaux (pour une livraison en juillet, juste avant les vendanges).
Remplaçant l’ancien cuvier historique qui datait du début du XX? siècle, ces nouvelles installations techniques devaient venir s’insérer dans un périmètre ultra-réduit, en s’adaptant à la relative exiguïté des lieux et à la présence de galeries souterraines creusées dans la roche – ce qui a nécessité le recours à une grue télescopique pour faire passer les cuves par le toit. Avant tout, Joséphine Duffau-Lagarrosse souhaitait que les cuves « soient de petite taille afin de répondre précisément à la diversité intraparcellaire du vignoble de 6,8 hectares », et « aussi hautes que larges afin que la surface de contact entre le chapeau de marc et le jus permette une extraction douce et contrôlée ». Ainsi, ce sont 16 nouvelles cuves qui ont été installées, dont 14 cuves en ciment fournies par la coopérative italienne Lavorazione Cementi, allant de 30 à 60 hectolitres (« les plus petites de Saint-Émilion »), et deux cuves en acier inoxydable.
Le projet a été confié à Arnaud Boulain de l’agence BPM Architectes, assisté de Billy Bourdier : il inclut également la restauration de la façade du bâtiment, un nouvel escalier en colimaçon et une fenêtre en œil de bœuf offrant une vue à 360° sur les vignobles du domaine. Mais le tour de force de cette réalisation est l’incrustation, sur la surface des cuves, d’une fresque restituant le panorama du vignoble du domaine, donnant au visiteur l’impression de contempler le vignoble qui se trouve derrière les murs. À la fois poétique, technique, contemporain et respectueux de l’héritage existant, ce nouveau cuvier vient définitivement signer le nouveau chapitre du château Beauséjour qui est en train de s’ouvrir.
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