Tariquet sauvegardé

Le domaine Tariquet, acteur majeur de la production des côtes de Gascogne et d’Armagnac, a annoncé avoir demandé une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce d’Auch pour faire face aux difficultés de la conjoncture et aux aléas externes.

Plan de sauvegarde n’est pas redressement judiciaire. Le domaine, par la voix de Corpcom, en charge de sa communication de crise, insiste sur la différence de statut. « Le plan de sauvegarde se décide en amont, et apparaît plus incitatif, avec des chances de redressement accrues » tient à préciser Simon Degas de Corpcom.  Il a été accordé pour une période de six mois (renouvelable une fois).

« Cette mesure relève d’une demande de l’entreprise qui ne peut la faire qu’en étant solvable. Elle ne doit être ni en faillite ni en cessation de paiement. C’est plutôt un choix de gestion préventif pour agir et non subir. Elle implique un gel des remboursements des créances passées, ce qui permet une bouffée d’oxygène en matière de trésorerie, et une rediscussion de la stratégie globale de l’entreprise en accord avec ses dirigeants. C’est en fait un cadre sécurisé pour protéger l’entreprise le temps de réorganiser son activité. Elle ne remet pas en cause les grandes lignes, mais peut réorienter les priorités. » 

Cherche organisation renforcée et résiliente

Pas de changement dans un premier temps en matière opérationnelle ou stratégique, mais une recherche par exemple de choix alternatifs comme cela pourrait être le cas pour l’œnotourisme ou les orientations de marchés. La sauvegarde vise à « accompagner les entreprises dont la gestion stratégique et financière est victime d’aléas externes imparables » insiste Corpcom.

La famille Grassa entend donc, « avec une organisation renforcée et résiliente », faire face aux difficultés de ces dernières années liées à des conditions climatiques et géopolitiques défavorables : une succession de quatre petites récoltes affectées par des aléas climatiques exceptionnels (gel, grêle, pluies, mildiou), ce qui a privé l’entreprise de l’équivalent d’une récolte sur les quatre dernières années?; une conjoncture économique mondiale bouleversée par la crise sanitaire, l’inflation et la hausse des matières premières qui a rogné les marges ; le durcissement des politiques douanières, notamment celle des États-Unis qui a freiné les exportations, ce qui risque de ne pas s’arranger sous la nouvelle présidence Trump

La procédure permet de garantir la pérennité des activités et de préserver les 115 emplois du domaine. « Les choix stratégiques vont être examinés dans les prochaines semaines et à partir de maintenant » confirme Simon Degas. Un administrateur va être nommé rapidement et collaborera pour une période d’observation avec la direction. Ils travailleront à un plan de redressement pour mieux s’adapter à la conjoncture et au marché. Le plan devra ensuite, d’ici deux à trois mois, être validé par le tribunal. 

Chute en valeur et en volume

L’entreprise reste entre les mains des deux frères Grassa, Rémy à la direction générale, et Armin en charge du vignoble. Maïté, la sœur de leur père Yves, est actuellement à la présidence. Les rôles pourraient évoluer et les fonctions redistribuées, notamment après le départ l’été dernier d’Ithier Bouchard à la direction commerciale depuis près de 20 ans. Tariquet, qui affichait un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros en 2022, avait enregistré une forte baisse en 2023 à 25,7, les chiffres 2024 s’annonçant dans le même ordre de grandeur. 40?% des expéditions sont tournées vers l’international, sur des marchés phares tels la Scandinavie, le Canada et les États-Unis. Les volumes de vente ont également chuté entre 2021 et 2023, de près de 9 millions à 5,5 millions de bouteilles, soit une compression de plus de 30 %.

Une locomotive pour sa région

Avec plus de 1 125 hectares de vignes en exploitation dans la campagne gersoise produisant environ 8 millions de bouteilles de côtes-de-gascogne par an et 120 000 cols d’armagnac, le domaine Tariquet est une véritable locomotive de la filière et un pilier économique et culturel pour la région gersoise. Dans les mains de la cinquième génération, il a été créé en 1912 par Pierre Artaud, l’aïeul de Rémy et Armin, et son fils Jean-Pierre, développé par leurs grands-parents, Hélène et son mari Pierre Grassa à partir de 1946, et orienté vers la viticulture par leur père Yves et sa sœur Maïté à partir des années 70.

Il a été retenu en 2023 comme ferme pilote dans le cadre du projet avec le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) d’Occitanie. Tariquet avait en 2023 également fait évoluer sa cuvée Classic (à l’origine un 100?% ugni blanc converti en assemblage multi-cépages), repositionné la cuvée effervescente Entracte, relooké quelques références en mono et bi-cépages, lancé des grands formats pour ces cuvées phares (Classic Premières grives) et quelques-uns de ses armagnacs.

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