Vendanges 2024 en Loire : « la météo a toujours le dernier mot »

L’humidité du millésime a surpris tout le monde. Alors que les vendanges, qui s’achèveront dans quelques jours, clôtureront la campagne 2024, Max Laurilleux, président de la Confédération des vignerons du Val de Loire (CVVL), revient sur cette mise à l’épreuve qui met en évidence la diversité du vignoble ligérien et sa résilience.

Les pluies de ce mois d’octobre précipitent-elles la fin de la campagne 2024 ?  

La météo a toujours le dernier mot. Aujourd’hui, nous sommes inquiets parce qu’il reste beaucoup de raisins à ramasser, en particulier pour les rouges d’Anjou-Saumur, et que la tempête Kirk abime les raisins et empêche les machines à vendanger de circuler. Entre humidité, chaleur et enveloppe des raisins fragilisée, le botrytis risque de se développer. 

Après un hiver et un printemps humides, beaucoup comptaient sur une arrière-saison clémente pour la maturité des raisins et donc repousser les vendanges, mais la réalité météorologique de ce mois d’octobre rattrape les vignerons. Quant à la date de début de vendange, elle dépend surtout des évolutions climatiques. Si je prends l’exemple d’un cépage endémique comme le grolleau, ceux qui m’ont précédé le récoltaient plus tard. Mon grand-père démarrait ses vendanges vers le 15 octobre, mon père autour du 1?? , et ma génération avance d’un mois avec un début aux alentours du 15 septembre. 

Les pluies du printemps et, dans une moindre mesure, celles de l’automne, ont eu des conséquences sur les rendements. Quelles sont les appellations les plus touchées ? 

Ce sont les deux extrémités de la vallée de la Loire, le pays nantais et la partie est de la Touraine, qui ont davantage à déplorer des pertes de rendements. Et ce, pour le muscadet, dès le printemps avec un phénomène de filage et donc l’avortement des boutons floraux. En moyenne, dans le muscadet, les rendements ont été divisés par deux. Cette récolte historiquement basse a cependant été l’occasion de mettre en évidence la dynamique collective qui anime les vignerons du pays nantais.

L’Anjou, le Saumurois et l’ouest de la Touraine s’en sont globalement mieux sortis, notamment parce que ces territoires ont été épargnés par quelques orages. On retient donc de ce millésime une forte pression du mildiou, mais les raisins qui ont été rentrés dans de bonnes conditions peuvent donner de beaux vins. Évidemment, il y a des disparités entre les exploitations qui n’ont pas toutes la même situation…

Justement, en quoi c’est une année particulièrement éprouvante pour les viticulteurs bio ? Certains sont-ils contraints de renoncer à la certification ?

Forcément, lors d’une année aussi humide, être en bio s’avère plus compliqué. Nous n’avons pas de recensement particulier quant à la défection du label, mais certains ont été contraints de renoncer. Ceux qui s’en sortent le mieux, ont des parcelles en bio réservées à des marchés spécifiques et peuvent donc aussi compter sur une production en viticulture conventionnelle. 

Par ailleurs, il y a une méconnaissance sur la démarche en agriculture biologique. Lorsque vous êtes à proximité d’une ZNT (Zone de non-traitement, c’est-à-dire zone au voisinage d’habitations et d’établissements accueillants des personnes vulnérables), les riverains vous voient traiter plus souvent, ce qui est contre-intuitif dans la perception que l’on a du bio. À chaque forte pluie il faut de nouveau traiter, le précédent traitement ayant été lessivé, ce qui entraîne une consommation de carburant supplémentaire, coût qu’il est de plus en plus difficile à valoriser. En effet, les prix du bio tendent à se rapprocher des prix du conventionnel, ce qui témoigne des difficultés.   

Du point de vue collectif, la baisse des rendements est-elle une opportunité pour réguler le marché des vins marqué par la baisse de la consommation ? 

Dans l’ensemble, les vignobles de la vallée de la Loire sont moins impactés par la baisse de la consommation. Sans doute parce que les vins proposés sont plus divers et correspondent mieux aux attentes des consommateurs pour des vins frais et fruités que l’on peut boire en dehors des repas. Nous essayons d’ajuster nos stocks aux dynamiques du marché, encore faut-il que les conjonctures économique et politique ne soient pas trop délétères. 

En termes de qualité, que peut-on attendre de 2024 ? 

En 2024, nous renouons avec des vins plus fruités, plus vifs pour les blancs et les rosés. Quant aux rouges, qui avaient tendance ces dernières années à être plus concentrés, ils seront sans doute plus friands. La Loire conserve donc ses atouts : proposer des vins légers, fruités et moins alcoolisés… en phase avec les attentes des consommateurs ! 

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