Du Puy de Dôme à la Vendée, les vins de Loire se caractérisent par leur diversité. Ce qui peut apparaître d’une trop grande complexité : 34 appellations d’origine et une IGP, s’avère être un avantage concurrentiel lorsque les marchés évoluent rapidement. En s’appuyant sur une grande variété de styles, l’offre s’adapte aux exigences des marchés et les résultats sont là : en France, les vins de Loire se taillent de belles parts de marchés, quelle que soit la couleur, et à l’export le CA enregistré augmente de 23% en 5 ans. Pour décrypter avec nous ces résultats, Nicolas Emereau, directeur général de la cave Robert & Marcel et Président de la Commission Economie d’InterLoire, a accepté de répondre à nos questions.
Qu’est-ce qui fait que les vins de Loire s’en sortent malgré la baisse de la consommation ? Est-ce notamment grâce à une offre très diversifiée : rouges, rosés, blancs et fines bulles ?
Les vins de Loire ont pour force la richesse de leurs styles de vins issus de la diversité des terroirs. En France comme à l’étranger, le succès des vins de Loire réside dans le profil de ses vins, en phase avec les attentes des consommateurs : blanc, rouge, rosé et fines bulles, toutes les couleurs de vins se retrouvent dans les vignobles de Loire. Au sein de chacune de ses couleurs, il y a là aussi une grande pluralité. Par exemple, concernant les blancs (11,2 millions de consommateurs) il y a de réelles singularités entre les terroirs et cépages du nantais, de la Touraine, de la Vallée du Loir ou du Haut-Poitou. Si on ne regarde que le chenin, on peut y découvrir différentes expressions entre Vouvray, l’Anjou-Saumur ou même Chinon. Les fines bulles de Loire (8,5 millions de consommateurs) représentent l’offre la plus large en AOP dans les circuits traditionnels (CHR). La diversité des vins de Loire est un atout face à l’évolution des modes de restauration et des habitudes de vie. Les novices ou les grands amateurs sont de plus en plus séduits par les choix possibles ; entre vin plaisir et vin de garde, chacun y trouve son compte. A noter que La Loire est la 2e région AOP la plus achetée par les jeunes pour une consommation à domicile (Wine Intelligence 2023 – étude jeunes consommateurs). Les Vins de Loire, les vins d’une vie !
Constate-t-on, comme dans les autres régions, un ralentissement de la consommation des vins rouges ?
Les rouges de Loire sont aussi concernés par le ralentissement de la consommation des vins rouges en France. Ils résistent mieux que les autres AOP et gagnent des parts de marché en linéaire. Leur fraîcheur liée au climat devient un avantage par rapport aux vignobles du sud. Les études (Wine Intelligence 2024) montrent que le goût léger et fruité des vins rouges de Loire est un atout pour séduire de nouveaux amateurs et répondre aux attentes des consommateurs. La preuve, dans les restaurants, les vins rouges de Loire sont n°1 dans le segment des bouteilles vendues entre 20€ et 30€.
Les producteurs adaptent-ils leur offre pour suivre les tendances des marchés ?
Les travaux collectifs menés par InterLoire ont pour objectif d’analyser les tendances de consommation et de proposer aux AOP/IGP et donc à leurs producteurs de faire évoluer leur offre en lien avec les typologies de consommateurs. Une offre pour chacun d’entre eux (étude Interloire/Wine Intelligence 2023) ! Parallèlement, ces questionnements s’intègrent dans les engagements environnementaux du Plan Filière 2030 : 100 % des entreprises engagées en certification environnementale, ou label Agriculture Biologique d’ici 2030. Aujourd’hui, nous sommes à 85%.
De manière générale, quelles sont les appellations qui s’en sortent le mieux ? Pourquoi ?
Les appellations de blancs et de fines bulles sont moteurs pour le développement des ventes au sein des vins de Loire. Les styles de vins proposés répondent aux attentes des consommateurs et se situent dans des fourchettes de prix abordables par le plus grand nombre. Par ailleurs, pour toutes les appellations qui partent à l’export, quelle que soit la couleur, il y a de plus en plus de potentiel. En moyenne c’est 55 millions de bouteilles vendues chaque année. A noter que depuis 5 ans le CA export a augmenté de 23% et que le prix moyen départ cave a lui aussi augmenté de 12%.
Est-ce que le mauvais temps de ce printemps a impacté les ventes de vins rosés ?
Avec une météo peu favorable aux rencontres entre amis et aux sorties, on a constaté une baisse de la vente des rosés par rapport à l’année dernière. Cependant, la nouvelle campagne de communication “ROSÉ TENDRE ET SEC”, menée par les AOP CABERNET D’ANJOU – ROSÉ D’ANJOU – ROSÉ DE LOIRE a permis d’attirer les amateurs occasionnels et réguliers. A savoir qu’en rosés, la Loire dispose de la plus importante clientèle de jeunes consommateurs qui consacrent la moitié de leurs dépenses de vins en rosés issus des vignobles de Loire (Wine intelligence 2023 – étude jeunes consommateurs).
Les premières analyses à fin juin indiquent une baisse ponctuelle des ventes de rosés en France toute région confondue cependant, là encore, la Loire est résiliente car on constate une légère hausse des parts de marché : +0,64 pts pour le Cabernet d’Anjou et +0,53 pts pour le Rosé d’Anjou.
A titre indicatif, le Cabernet d’Anjou est la première AOP en volumes vendue en grande distribution (100 000 bouteilles/jour). 43 millions de bouteilles de Cabernet d’Anjou sont produites par an, 15 millions de rosé d’Anjou et 5 millions de rosé de Loire.
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