Belles enchères | Le whisky, univers alambiqué

Année clef pour iDealwine qui s’est davantage consacré à l’univers des spiritueux, notamment en créant Fine Spirits Auction en partenariat avec La Maison du Whisky, 2020 a aussi dévoilé un intérêt prononcé pour les whiskys. Un phénomène qui s’est traduit par de véritables bagarres d’enchères. Zoom sur les tendances du moment et les acquisitions mémorables.

En 2020, les whiskys japonais ont outrepassé leurs confrères écossais, représentant 50% de notre palmarès. Comparée à l’Europe ou aux Etats-Unis, sa culture accordait une importance moindre à l’alcool, si bien qu’il ne produit du whisky que depuis moins d’un siècle et a connu son heure de gloire après la Seconde Guerre mondiale seulement. Si, au départ, la classe privilégiée japonaise raffolait du scotch (whisky écossais), un genre unique s’est peu à peu développé tout en renonçant à la tourbe. Un style fin et délicat très recherché comme le prouvent les deux stars du palmarès. La première, une bouteille de whisky japonais Hibiki 30 ans de Suntory (4 298€) est un assemblage de précieux single malts de Hakushu et de Yamazaki vieillis dans des fûts variés et assemblés à des whiskies de grains de plus de trente ans. Les trente facettes du flacon symbolisent d’ailleurs le nombre d’années de vieillissement. La deuxième, une bouteille de whisky Honshu Nagano Karuizawa Bourbon Cask N 8173 OB 2014, 30 Years, 1984 (4 126€), provient d’une distillerie mythique qui a fermé ses portes et a été élevée intégralement en un seul fût de bourbon (Bourbon Cask N 8173). Seules 363 bouteilles ont été produites.

En troisième position, nous retrouvons un whisky américain, signé Buffalo Trace (cinq bouteilles de Buffalo Trace Antique Collection 2013, 3 684€), l’une des distilleries les plus médaillées au monde. D’ailleurs, si certains prétendent que ces fabriques seraient apparues au début du 18^e siècle, leur existence n’est certifiée que depuis la fin du 19^e. Ce palmarès par lots nous dévoile aussi un intérêt suscité par les rye whiskeys et les bourbons. Les premiers ont longtemps joué un rôle de second plan dans la mesure où l’orge, traditionnellement utilisée lors de la fabrication, pousse mal aux Etats-Unis et a donc été remplacée par le seigle. Ce breuvage renaît toutefois peu à peu de ses cendres. Les seconds correspondent à des whiskys, dont la composition contient un minimum de 51% de grains de maïs, élevés en fûts de chêne neufs pourvoyeurs de cette couleur et de ce goût unique. Une bouteille de Straight Bourbon Whisky Rare Release 9 ans d’âge de Willett Family Estate se classe ainsi en 14^e position (737€).

Enfin, l’Ecosse, berceau de la culture du whisky, se positionne étonnamment en quatrième position avec un single malt des Highlands : the Macallan Anniversary Malt 1962 (3 193€ la bouteille). Ce pays n’est pas en reste, représentant 35% du palmarès, et dévoile non seulement de vieux millésimes intéressants mais aussi un attrait justifié pour les single malts. Ceux-ci désignent en effet des nectars produits dans une seule distillerie avec de l’orge maltée. Dans ce même registre d’exception, nous notons l’intérêt particulier que les amateurs octroient aux single casks comme le whisky single malt Auchentoshan 31 ans Auchent Individual cask bottling 1966 (#18, 675€). Prestigieux, ceux-ci proviennent donc d’un seul (single) fût (cask) leur offrant une identité marquée et rare.