[Provence] Château Galoupet : un modèle éco-responsable

Au-delà de la belle bouteille gravée évoquant les strates schisteuses du sol et du flacon en plastique recyclé, le château Galoupet, Cru Classé des Côtes-de-Provence depuis 1955, qui sort ses premiers rosés a élaboré un projet ambitieux pour son domaine de La Londe-les-Maures sur le littoral varois.

Il souffle un vent de renouveau sur Galoupet. Moët Hennessy, la branche vins et spiritueux du groupe LVMH qui l’a racheté au printemps 2019 s’est incontestablement donné les moyens de valoriser ce cru classé qui a changé 14 fois de propriétaire en deux siècles. L’une des premières tâches que s’est assignée Jessica Julmy à qui a été confié la direction du domaine a été de mobiliser historiens, géologues, agro-écologistes… pour obtenir un état des lieux des sols, du climat, des vents et des ressources en eau. Un inventaire de la flore et de la faune (environ 90 espèces dont 12 de chauves-souris et la tortue d’Hermann protégée) a également réalisé en collaboration avec le Conservatoire des Espaces Naturels afin de créer un modèle de développement durable, avec d’emblée la conversion du vignoble en bio. Un pré-requis avant de définir les actions concrètes pour préserver la garrigue, la retenue collinaire, les pins parasols séculaires, la forêt de chênes verts et chênes lièges abîmée par l’incendie de 2017…  et régénérer la biodiversité provençale sur les 165 hectares de la propriété dont 69 de vignes et 77 de bois classés. S’en est suivie l’installation de 200 ruches pour permettre à l’Observatoire Français d’Apidologie (OFA) de faire des recherches et pas seulement au profit de Galoupet, la création d’un sentier de la biodiversité, le lancement d’une étude des interactions entre les vignes et les bois dans le cadre de Natura 2000 … Un inventaire initié par la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) est prévu au printemps avant la mise en place de nichoirs à mésanges et à chauves-souris. Autant de mesures en faveur de la biodiversité qui ont déjà favorisé la prolifération des fleurs, des insectes, des oiseaux, des chauve-souris…

©F. Hermine

Découpage et restructuration du vignoble

Le vignoble a été découpé en une quarantaine de parcelles avec six cépages (cinsault, grenache, syrah, rolle et tibouren) avant d’être restructuré à 60 % pour choisir la meilleure adéquation entre les sols et les cépages et en misant principalement sur le tibouren (à terme 20 % de l’encépagement) chouchouté par le directeur technique Gilles Bascle, spécialiste de ce cépage local depuis 20 ans. Quelques parcelles de cépages résistants (calabrese, agiorgitiko, artaban…) ont également été replantées et sont suivies en collaboration avec le Syndicat des Côtes-de-Provence et le Centre du Rosé. « Nous avons voulu donner la priorité à l’environnement et à la vigne pour bénéficier de l’écosystème le plus riche possible et avant de se soucier de faire construire un nouveau chai » insiste Jessica Julmy, transfuge de chez Ruinart (également chez LVMH où elle était directrice commerciale International) pour piloter le projet. « Il a fallu construire un projet global pour rassurer en local ceux qui étaient inquiets en nous voyant arriver dans la région mais aussi convaincre en interne de la stratégie tout en disant où l’on va pour que le domaine à terme devienne rentable ». Pour cela, la jeune femme s’est bien entourée d’une expertise agronomique, environnementale et marketing avant de faire connaître les vins. Elle a embauché l’ingénieur agronome et œnologue Mathieu Meyer qui a initié des essais de taille, d’agroforesterie, de couverts végétaux et lancé la conversion en bio (pour 2023).

©F. Hermine

Un message éco-responsable

« Nous avons voulu concentrer nos efforts à la vigne avant de nous occuper de la cave et s’attacher en priorité à notre bilan carbone » précise Mathieu Meyer. Une démarche écoresponsable illustrée par l’utilisation de verre recyclé (à 70 %) couleur ambrée et d’une bouteille allégée pour Château Galoupet et le lancement d’un second rosé, bio également, baptisé Nomade, dans une bouteille plate en plastique recyclé (à partir des collectes sur le littoral avec le programme Prevented Ocean Plastic). Il est aujourd’hui à base des raisins de la propriété mais devrait à terme être élaboré en partenariat avec des coopératives locales « pour démontrer que l’on veut investir dans cette région » tient à préciser Jessica Flumy. Un packaging qui entend porter un message de développement durable mais un choix de matière osé sur un marché français qui reste au global très traditionnel ; seul un groupe de cette envergure pouvait risquer le pari et jouer les pionniers en la matière.

Terre de Vins aime

Château Galoupet 2021 (55 €) : Un assemblage de 40 % grenache, 12 % de tibouren, 11 % de syrol (assemblage de syrah et rolle co-pressurés), 2 % de syrah associés à 35 % de bourbes des cépages du domaine, fermenté et élevé environ 5 mois en demi-muids  Derrière une couleur pêche clair, des arômes de fruits jaunes, d’épices, de poivre sur des notes de noisettes grillées et de zestes d’oranges, une structure ample et une puissance tout en finesse portée par un boisé très discret et une belle longueur saline. Lancé d’abord en France (en particulier sur les belles tables soucieuses d’expliquer le concept éco-responsable), en Grande-Bretagne, en Scandinavie et dans les pays européens voisins avant l’Asie cet été.

Galoupet Nomade 2021 (25 €) : Un assemblage de 37 % de syrol, 16 % de grenache, 15 % de cinsault, 4 % de syrah et 28 % de bourbes. Des arômes de framboises, agrumes, zestes de citron vert sur une trame en souplesse.

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