Ternovéo : premières vendanges commerciales dans les Hauts de France

Pour la première fois, un groupe agricole a décidé de se lancer dans l’exploitation agricole d’un vignoble situé dans la partie la plus méridionale du pays. Un projet mené sur plusieurs années qui affiche des objectifs de qualité élevés. Rencontre avec Xavier Harlé, Directeur Général de Ternovéo

Pourquoi le groupe Advitam (dont Ternovéo est la filiale de négoce), leader de la coopération agricole dans les Hauts de France, a décidé de se lancer dans la production vinicole ? 

Il y a 4 ans, nous avons fait le point sur l’agriculture dans les Hauts de France qui est en pleine mutation. Nous nous sommes interrogés sur ce que nous pouvions faire pour développer les revenus des agriculteurs avec lesquels nous travaillons. Le changement climatique a modifié de nombreux paramètres. La luminosité a augmenté, tout comme l’ensoleillement, les températures. Alors qu’il n’était guère envisageable de produire des vins de qualité auparavant, cette évolution a changé la donne. Ajoutez à cela que depuis 2016, il est autorisé de planter des vignes dans la région dans un but commercial (NDLR : des vignes étaient déjà plantées, notamment sur les terrils, mais par des associations à but non lucratif). Nous avons donc initié le projet qui a rencontré un véritable enthousiasme chez nos agriculteurs partenaires qui y voient un moyen efficace de se diversifier.

Les terres des Hauts de France sont pourtant réputées être riches, favorables aux grandes cultures, pas vraiment à la vigne qui nécessite des sols pauvres…

Nous avons évidemment mené des analyses de sols et de sous-sols pour identifier les parcelles susceptibles d’être plantées de vignes. Ce travail a été mené conjointement avec le cabinet spécialisé Vinolis. Nous avons dû écarter certains lieux qui n’étaient pas adaptés. Lorsque les conditions sont favorables, notamment avec des sols calcaires, nous accompagnons les agriculteurs concernés pendant les 2 premières années pour pouvoir initier cette nouvelle activité. Nous sollicitons notamment l’expertise des pépinières Guillaume pour le choix de porte-greffes adaptés et des bons clones de chardonnay, pas trop productifs. Nous souhaitons en effet produire uniquement des vins blancs de qualité et avons donc planté les ceps à 5000 pieds / hectare. Parmi les 7 personnes dédiées en interne chez Ternovéo à ce projet, 2 techniciens spécialisés accompagnent les agriculteurs. 2 œnologues ont également la charge de toute la production car les agriculteurs seront des apporteurs de raisins. Nous leur achèterons et prendrons en charge ensuite l’élaboration des cuvées (2 dans un premier temps, 4 à terme) et leur commercialisation. 

©Laurent_Mayeux

Où se situent les parcelles déjà en production ? 

Pour le moment, nous avons 17 hectares plantés par 11 agriculteurs en 2020 qui ont été vendangés pour la première fois cette année. En 2021, 20 agriculteurs supplémentaires ont planté 26,50 ha et ils étaient 18 de plus cette année pour une surface nouvelle de 34,50 ha. D’ici 2024, nous souhaitons couvrir 200 ha répartis sur 130 parcelles pour pouvoir produire 1,5 millions de bouteilles. Tous les raisins seront vinifiés dans un unique chai qui se trouve près de Péronne dans la Somme. Il s’agit d’une ancienne sucrerie que nous avons entièrement réhabilité à cette occasion. La collecte des raisins se fera donc sur toutes les parcelles qui se situent dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme et l’Aisne, entre Saint-Omer et Laon pour schématiser. 

©Laurent_Mayeux

Quelles sont vos pratiques culturales et quels types de vins souhaitez-vous produire ? 

Comme nous partons d’une page blanche, toutes les parcelles sont gérées en HVE 3. Quelques agriculteurs ont même initiés une conversion au bio, ils sont 2 sur 11 parmi les pionniers. Nous souhaitons produire des vins de qualité qui bénéficieront de matériels de qualité, à commencer par des cuves thermo-régulées. Progressivement, nous réaliserons des élevages, pour partie en fûts de chêne que nous avons déjà achetés, mais aussi dans des œufs en béton. Nous mettons par ailleurs à contribution notre département innovation interne pour tester certains moyens nouveaux au vignoble. Nous utilisons notamment le système d’UV Boosting qui permet de stimuler les défenses immunitaires des plantes contre les maladies et de diminuer drastiquement les effets néfastes des gels de printemps. 

©Laurent_Mayeux

Quels marchés visez-vous ?

Pour cette première vendange 2022, nous aurons une production limitée de 50 000 bouteilles environ. Nous allons initialement nous adresser au marché local (la région des Hauts de France est peuplée de 6 millions d’habitants) sur lequel le public s’est recentré ces derniers temps. Nous distribuerons également nos vins auprès du réseau traditionnel CHR (cafés, hôtels et restaurants). Puis, avec les volumes qui vont progressivement augmenter, nous n’excluons pas d’étendre notre maillage commercial au reste du territoire français et, pourquoi pas, à des marchés étrangers proches que sont la Belgique, l’Angleterre.

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